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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 14:49


Le désordre renaît à Adjamé !


La commune d’Adjamé incarnait la réussite de l’Opération « Pays Propre ». Les deux principales artères de la cité avaient été débarrassées de tous les envahisseurs. Au quotidien, les militaires livraient une bataille avec les transporteurs et commerçants pour le maintien de l’ordre et la salubrité. Aujourd’hui, la Brigade de la Salubrité Urbaine (BSU) qui devrait prendre le relais est invisible et muette. Et voilà que les rues sont de nouveau envahies par les commerçants encore plus teigneux qu’avant.  C’est-à croire que le vent d’assainissement qu’a fait souffler la ministre de la Salubrité Urbaine, Anne Ouloto, sur la commune n’a eu que des effets temporaires.

L’Opération « Pays Propre » initié par le gouvernement et piloté par le ministère de la Salubrité Urbaine est né de l’axe stratégique 12 des actions gouvernementales, intitulé « amélioration du cadre de vie et de la préservation de l’environnement ». La ministre de la Salubrité Urbaine, Anne Désirée Ouloto a depuis le 29 juillet, procédé à travers tout le pays à plusieurs opérations d’assainissement du domaine public. Ce vent de propriété a également soufflé sur Adajmé. Et la commune a retrouvé un beau visage. Elle incarnait même la réussite de l’opération à Abidjan. Ses deux principales artères, Nangui Abrogoua et De Gaulle (celle allant de Mirador à Liberté), avaient été débarrassées des commerçants envahisseurs. Les gares de taxi intercommunaux  (wôrô-wôrô) et de mini cars (gbakas), s’étaient envolées sous la fureur des démolisseurs. Les baraques sur les trottoirs ont été détruites. Adjamé était devenu propre et beau. La circulation y était fluide et facile. Les petits voleurs avaient disparus, de peur de se faire épingler par les militaires qui sillonnaient en permanence. Tout le monde avait salué la ministre Anne Ouloto pour cette nouvelle ère. Elle a même été baptisée du surnom de « Maman bulldozer », pour faire allusion à la fureur des machines qu’elle déployait dans la ville. Mais aujourd’hui, tous ces efforts sont tombés à l’eau. Les vieux démons du désordre et de l’insalubrité sont revenus à la charge. Les commerçants sont de nouveau sur les trottoirs, redonnant à la commune « carrefour » sa vilaine allure d’un passé récent.

Chassez le naturel, il reviendra aux galops !

 La cacophonie constatée aujourd’hui sur le célèbre boulevard Nangui Abrogoua suffit à convaincre qu’Adajmé a arboré de nouveau son vieux manteau du désordre et de l’insalubrité légendaires. Les commerçants et transporteurs dictent leur loi en occupant illicitement les trottoirs. Sans crainte aucune, ils s’adonnent à cœur joie à leur commerce. Les wôrô-wôrô aussi se sont remis dans la danse. Ils occupent de nouveau les trottoirs.

        Ah les FRCI !

Les Abidjanais ont encore en mémoire qu’aux premières heures des déguerpissements à Adjamé, le ministère de la Salubrité s’était attaché les services des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Et au quotidien, ces militaires traquaient les commerçants et les transporteurs qui ne se conformaient pas à la décision gouvernementale.         La violence avec laquelle ces hommes en arme imposaient l’ordre dans la commune avait été décriée. Aucune erreur n’était pardonnée. Et là, commerçants, transporteurs et mêmes les particuliers étaient aux pas. Plusieurs fois d’ailleurs, les transporteurs leur ont même livré la guerre parce se sentant opprimés. Les petits voleurs avaient fui les rues. La sécurité était assurée. Mais, avec les critiques, les militaires ont quitté les rues d’Adjamé. Avec la mise en lace de la Brigade de la Salubrité Urbaine (BSU), l’on s’entendait au maintien de cette discipline et par conséquent l’ordre et la salubrité, dans la commune. Que non !

Une brigade handicapée, sourde et muette

 Le 15 septembre dernier, la ministre de la Salubrité Urbaine, Anne Ouloto, a procédé au lancement officiel des activités de la Brigade de la Salubrité Urbaine (BSU), dans ses locaux, à la Riviera Bonoumin. Cette brigade est « chargée d’apporter un appui logistique dans la lutte contre les installations anarchiques, les nuisances de toutes formes et les occupations illicites du domaine public urbain. ». La BSU est une unité mixte composée de forces de l’ordre et d’agents civils. Ils sont au total 72 personnes (10 policiers dont 6 officiers, 10 gendarmes sous-officiers et 50 civils brigadiers dont 22 femmes et 2 chefs de service).  Ces hommes et femmes, sont dotés d’un véhicule de troupe, de 2 véhicules de patrouille de type 4X4, de 10 motos de patrouille et du matériel de télécommunication. Le commissaire Téhé Mondet, commandant de la brigade et ses éléments sont investis d’une mission gouvernementale. « De façon permanente et quotidienne, votre mission sera de veiller au respect du Bien public, en empêchant les installations anarchiques sur le domaine public, les emprises, les caniveaux et sous les hautes tensions », avait déclaré Maman bulldozer, lors du lancement officiel de la Brigade. Avec ces moyens, ils doivent sillonner les communes pour le maintien de la salubrité et du respect du domaine public. Mais, deux mois après, la BSU ne semble pas encore trouver ses repères. Elle semble noyer par les réalités abidjanaises. Certes, plusieurs fois, des éléments de la BSU, ont été aperçus à certains carrefours de la ville. Mais, à Adjamé et dans les quartiers où le désordre est de retour, ils sont introuvables. Parés dans des chemises blanches et pantalons verts, ces combattants de la salubrité sont  déterminés. Mais seulement, ils sont confrontés à un problème d’effectif et de moyens. Que peuvent faire 72 personnes, aussi équipées et déterminées, soient-elles, dans une ville aussi vaste qu’Abidjan ? Assurément rien. Surtout que  les populations ignorent non seulement leur existence mais aussi, la procédure de saisine.

La machine de « Maman bulldozer »  grippée

Le silence de la BSU face au retour du désordre à Nangui Abrougoua et dans certains endroits de la ville, fait dire à certaines personnes que la machine de « Maman bulldozer » est grippée. Les commerçants et les transporteurs reviennent de plus en plus sur les espaces publics d’où ils ont été déguerpis. La BSU qui a pour mission de maintenir ce nouveau visage reluisant d’Abidjan intact est encore inefficace.

Encadré : La salubrité, l’affaire de tous !

La lutte pour la salubrité ne doit pas être l’affaire de la seule ministre. Chaque citoyen à son niveau doit œuvrer pour maintenir son environnement sain et respecter les le domaine public. Au premier plan de cette guerre quotidienne, se trouvent les maires. Ils doivent soutenir le ministère dans ses actions. Le séminaire, tenu à Grand-Bassam, qui a regroupé les maires et la ministre Anne Ouloto avait laissé de beaux espoirs.  Mais, aucune action concrète sur le terrain ne montre leur implication. Mieux, l’entrée principale de la mairie d’Adjamé ne serait pas de nouveau envahie par les commerçants.

Jean-Michel Méa

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